L’Eglise Saint-Lazare de Bonnay
La première mention qui en est faite date de 878. Dans un document, l’archevêque Thierry , donne aux chanoines de Saint Jean tout ce qu’il possède à Bonnay. En 967 Conrad roi de Bourgogne, confirme cette donation, en citant précisément l’église et ses dépendances. A cette époque, cette église, placée sous la protection de Saint Etienne et Saint Agapit est une pauvre chapelle probablement trop petite pour ces pauvres serfs au langage rude et aux mœurs encore barbares.
En 1636, cette église est profanée par les « Suédois » de Saxe-Weimar. Elle est réconciliée et bénie à nouveau en octobre de cette même année sous le vocable de Saint Lazare.
Elle est reconstruite de 1710 à 1725, sur l’emplacement de l’ancienne église qui vers 1700 « était fort ruineuse ». Cette église est une copie restreinte de l’église Saint François Xavier de Besançon. Son architecte reconstitue parfaitement le style classique, des églises à nefs latérales, cher aux Jésuites
Le porche clocher est couvert d’une calotte en arc-de-cloître aplati. En forme de croix latine, cette église mesure 27,5 mètres de long sur 12 de large.
Le carré du transept est coiffé d’une coupole s’arrondissant sur un pan ovale. Le retable, le maître-autel et certaines boiseries ont été réalisées en 1770 par le menuisier Joseph Jouffroy et le sculpteur Jean-Claude Tournier, tous deux bisontins.
Les nefs latérales de Saint François-Xavier sont remplacées ici par des chapelles qui se situent sur les côtés et dont l’une sert d’entrée latérale.
La nef est terminée à chaque extrémité par une abside à pans coupés où l’entablement et la frise sont interrompus par le retable du maître-autel et au fond par une vieille niche qui devait à l’époque faire partie d’un retable de l’ancienne église.
L’église compte six autels, le maître-autel, les deux du transept et trois dans les chapelles.
Le maître-autel et son retable n’ont pas de style particulier. Le tabernacle et les chandeliers sont en bois doré. Les deux statues de Saint Nicolas et Saint Lazare sont également en bois.
L’ancien tableau datant de 1787 et représentant Saint Lazare était l’œuvre du peintre bisontin Jean Wyrsch. Ce tableau endommagé par l’humidité est remplacé en 1902 par celui de la Sainte Famille peint par M. Baille.
Sur les balustrades du retable sont placés deux bustes reliquaires qui doivent provenir de l’ancienne église.
Quant aux autels du transept, l’un est dédié à Notre Dame du Saint Rosaire. Il est orné d’une peinture qui représente la Sainte Vierge donnant le chapelet à Saint Dominique. Les figures de la Sainte Vierge et de l’enfant Jésus sont très belles et la guirlande des mystères du Rosaire constitue un encadrement adapté.
L’autel de gauche du transept est dédié à Saint Joseph, le tableau du retable rappelle de nombreuses dévotions.
Ce tableau rassemble bizarrement l’Ange gardien et Saint Jean-Baptiste, Saint Claude et Saint Antoine. Une statue en bois doré représente Saint Joseph.
La chaire est remarquable. Elle est l’œuvre d’un artiste du Val des Uziers du dix-huitième siècle. Les évangélistes sculptés sur les panneaux et les guirlandes de fleurs formant l’encadrement sont très fines. L’abat-voix est richement ornementé.
Des chapelles de la nef, l’une située à gauche est dédiée à Saint Blaise.
La chapelle d’en face est sous le vocable de Saint Isidore patron des laboureurs et Saint Vernier patron des vignerons.
La chapelle suivante placée en face de la porte d’entrée latérale est dédiée à Saint Guérin patron du bétail.
Le plus bel hommage que l’on puisse rendre à ce monument est de continuer à le sauvegarder en lui conservant toute son authenticité. Des arrêtés des 22 janvier 1964, 5 septembre 1991, 7 juillet 1992 classe parmi les monuments historiques, des objets conservés dans l’église de Bonnay. Un arrêté de M. le Préfet (n° 94/251 du 9 novembre 1994) protège l’édifice comme suit : « Considérant que l’église de Bonnay présente un intérêt d’histoire et d’art suffisant pour en rendre la préservation en raison de la rareté de son parti architectural, de la qualité de son architecture et de son décor intérieur;
– Article 1er : Est inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques, en totalité, l’église de Bonnay… »
– Un second dossier transmis au Ministère de la Culture classe l’église de Bonnay « Monument historique » considérant que la conservation de l’église de BONNAY (Doubs) présente au point de vue de l’histoire et de l’art un intérêt public en raison de son parti et de la richesse de son décor architectural d’influence jésuite,
Ce classement est une belle consécration pour tous les hommes qui ont oeuvré pour ce monument. Il permet également à la « vieille Dame » d’être regardée de jour comme de nuit et ainsi confirmer ces paroles de l’abbé Mertenat : « Vos pères l’ont faite si belle…ils l’ont placée à la naissance de la colline pour dominer le territoire afin qu’ils puissent la voir de toutes parts… ». (Abbé Mertenat, bulletin paroissial de novembre 1907.)